La famille Groulx de 12 enfants se confie sur comment la célébrité a changé leur vie
« Le mot célébrité, c’est un mot qu’on ne s’habitue jamais, pour nous on n’est pas des célébrités... »
En 2015, le public québécois a fait la connaissance de la famille Groulx, qui comprenait les parents Tara et Pascal ainsi que leurs sept enfants, dans une émission de style documentaire intitulée Bienvenue chez les Groulx. L'épisode unique a eu bien du succès et s'est transformé en une série qui débutera sa septième saison le 7 novembre prochain sur les ondes de Canal Vie : La famille Groulx. La marmaille compte maintenant douze enfants, dont trois qui ont atteint l'âge de la majorité au moment d'écrire ces lignes.
Lors d'un entretien avec Narcity, Tara, Pascal et leur fille Sasha, qui est âgée de 21 ans, ont abordé l'impact de la notoriété acquise au cours des dernières années sur leur vie ainsi que ce qui a changé dans leur quotidien depuis le début des tournages. Les parents nous ont également révélé des détails sur l'avenir de la famille.
Comment le documentaire est arrivé dans votre vie?
Tara : « Le docu, on l'a filmé en 2015, mais ça faisait depuis 2012 qu’on travaillait sur ce projet-là avec celui qui l'a écrit, Vincent Parisien. Un des amis à Pascal travaillait pour une compagnie d'assurances puis il commence à jaser avec un client et justement le client lui dit "Je suis écrivain, j'écris des émissions de télévision puis là, je suis sur un projet" et il était à la recherche d'une famille nombreuse, une jeune famille. Son ami Louis-Pierre lui dit "Mon ami à 28 ans et il vient d'avoir son septième" et ça a vraiment débuté comme ça.
« On a fait des rencontres téléphoniques, il voulait des photos de la maison, des enfants et il a fait un document pour présenter aux maisons de production. Trois ans plus tard, ça a fonctionné [...] et ça fait sept ans qu’on fait ça maintenant. »
Quelle est votre réaction, et celle des enfants, face à votre célébrité?
Tara : « Au début, les enfants trouvaient ça un peu drôle, les grosses caméras. On a vraiment été chanceux, à date on a toujours eu des équipes super gentilles. Notre premier caméraman Nicolas était vraiment bon pour mettre les enfants à l'aise [...]. À cause qu’on a eu une super bonne équipe et de bons réalisateurs, ça a rendu tout le monde à l'aise et maintenant mes quatre plus jeunes ont vécu pas mal toute leur vie avec des caméras, c'est la normale. »
Pascal : « Quand ça fait quelques jours qu'on n’a pas tourné, les enfants le demande "Elles sont où les caméras? Ça fait longtemps qu’on ne les a pas vues? »
Vous attendiez-vous à ce succès au début du projet?
Pascal : « Non, aucunement. On s'était lancés dans une aventure qui était unique, c’était une première au Québec et c’était simplement pour l'expérience. »
Tara : « Et c'était pour avoir quelque chose à montrer aux enfants plus tard, c'était cool, c'était le fun, mais on ne s’attendait pas à être rendus à la saison sept, jamais de ma vie. »
Comment jonglez-vous avec cette notoriété?
Pascal : « On se fait souvent, souvent reconnaître puis le monde est gêné de nous dire "Salut!" et nous envoie des messages. On leur répond qu'on est du monde ordinaire, c’est juste qu’on a une émission de télévision. Le mot célébrité, c'est un mot qu’on ne s’habitue jamais, pour nous on n’est pas des célébrités, on est juste du monde ordinaire avec une émission. Ça n'a pas changé qui on est, je pense, l’important c’est de rester authentique. C'est dur à décrire, c'est bizarre de se faire reconnaître et de savoir qu’il y a beaucoup de monde qui sait qui on est. »
Tara : « C'est drôle quand tu sors en public, tu vas rencontrer quelqu'un et là il va commencer à te poser des questions comme "Puis, un tel et un tel va bien?" Je ne te connais pas, mais toi tu connais beaucoup sur ma vie. C'est drôle comme sentiment. Le monde est toujours sympathique, il y a beaucoup d'enfants qui suivent l'émission et ils sont tous gênés, ils viennent "Est-ce qu’on peut prendre une photo avec vous?" On a été [à l'International de montgolfières] à Saint-Jean-sur-Richelieu et je pense qu’on a dû prendre au moins une vingtaine de selfies [...]. Le seul vrai négatif, c'est les réseaux sociaux, mais je pense que c'est pareil pour tout le monde dans l’oeil du public. »
Comment les enfants vivent avec le fait d'être connu.es?
Sasha : « Je ne pense pas vraiment [que ça a changé ma vie], mais il y a beaucoup plus de personnes qui viennent me parler quand je suis au magasin. "Est-ce que je peux prendre une photo? J'aime beaucoup l'émission." En plein milieu de mon quart de travail, [des personnes m'abordent pour me dire] "Ah, tu es Sasha de la famille Groulx?" et ils me demandent des photos des fois pendant que je travaille, mais c'était juste une fois et c'était des petits enfants. [...] Je ne pense pas que ça a changé ma vie autant. »
Est-ce qu'il y a des enfants qui ne veulent pas être devant les caméras?
Tara : « À date, il n'y a pas personne qui nous a dit "On ne veut plus, on est tannés". À chaque fois qu’on parle d'une nouvelle saison, c'est sûr qu’on fait un conseil de famille [...], les enfants le savent qu'on va avoir une obligation de tournage et [même s'ils sont] invités à un party de fête d'un ami, bien on a signé un contrat, on a dit qu’on allait le faire, il faut prendre nos responsabilités. Des fois, les plus jeunes trouvent ça un peu plate, mais en bout de ligne, ils disent toujours qu'ils veulent continuer.
« Une chose qui est bien, c'est que nos enfants vont à une école qui est supposée être bilingue, mais on s’entend que c’est juste les anglophones qui ont le droit d'y aller, alors il n'y a pas beaucoup de monde dans l'école qui sont au courant ou qui suivent l'émission. Ils sont quand même capables de continuer leur vie comme tous les enfants normaux de leur école. »
Pascal : « En général, la participation est vraiment bonne, les enfants sont impliqués à 100 % et on n’a pas besoin de les forcer et ils aiment participer. Ce qui est important, c'est l'équipe derrière la caméra. »
Qu'arriverait-il si les enfants ne voulaient plus apparaître à l'écran?
Tara : « Ça serait fini. Si les enfants viennent nous dire que ça les rend malheureux, que ça dérange trop leur vie et qu'ils ne veulent juste plus, c'est tout. Moi je n’ai aucune intention à forcer mes enfants à faire quelque chose qui n’est pas obligatoire, autant qu’on a aimé nos années [à l'écran], autant ce serait "Je m'excuse, [on ne continuera pas]". Mais ils le savent, quand on débute la saison, on n’arrête pas à mi-chemin. »
Pascal : « Le but premier, c'est de garder ça amusant. Tant et aussi longtemps qu’on va s’amuser, je pense que les enfants vont vouloir continuer. La journée qu'ils décident que non, ça ne nous tente plus, [on va dire] "C'est correct les enfants, ça ne vous tente plus, on ne le fait plus". »
À quoi ressemble un horaire de tournage typique?
Tara : « 40 jours de tournage pour faire huit épisodes [...]. La plupart du temps, on essaye une fois par semaine, mais il y a des fois où ça a été une fois aux deux semaines ou une fois aux trois semaines. Quand nous autres on décide qu’on veut prendre des vacances l'été juste en famille, ils sont très respectueux, ils ne tournent pas le temps qu’on est partis. C'est toujours des dates qu’on s'est entendue avant [...], les caméras n'arrivent pas à la maison à l'improviste. C'est d’habitude des journées de huit heures pour nous, plus longues pour l'équipe, mais ils vont arriver à 9 h, 9 h 30, ils vont commencer à tourner vers 10 h puis [c'est parti] jusqu'à 17 h, des fois 16 h, tout dépendant de comment la journée et quelles activités on avait prévu de faire cette journée-là. »
Pascal : « Les gens ne voient pas l'envers du décor, il y a beaucoup de préparation, beaucoup de rencontres, beaucoup de courriels, beaucoup d'échanges de textos, c'est très demandant quand même. »
Est-ce que vos revenus viennent que de l'émission?
Pascal : « Non. »
Tara : « On ne va jamais dire qu’on n’est pas payés, oui on est payés, mais on n’est pas rémunérés comme aux États-Unis parce que ce n’est pas les mêmes règlements ici. Notre revenu principal a toujours été Pascal qui travaille, l'émission nous donne un peu d'extra qui revient toujours pour les enfants. Ça aide les enfants à payer l'école, les autos, j'en ai trois presque quatre qui sont rendus majeurs, mais qui habitent encore ici et qu’on subvient à leurs besoins à 100 % encore. L'argent de l'émission nous aide à donner comme des extras, à garder mon gars de 22 ans ici, à l'université, mais il ne paye rien à part ses petites dépenses à lui. »
Pascal : « Pas qu’on ne le ferait pas si on n’avait pas l'émission, mais ça nous permet d'avoir un petit coussin de plus, mais non ce n’est pas le revenu principal, loin de là. »
Est-ce qu'un.e autre enfant est prévu.e?
Tara : « C'est sûr que j'en aurais pas encore quatre ou six, mais l'idée d'avoir une petite dernière ou un petit dernier, ça me trotte encore dans la tête. J'avais donné un an à Pascal. C'est sûr qu'avec sa paralysie, ça a été quelque chose qu'on ne s'attendait pas puis ce n'était pas le temps d'aborder le sujet puis de commencer ça, mais ça fait un an, c'est le temps qu'on jase. »