4 personnalités québécoises qui ne veulent pas d'enfant s'ouvrent sur la pression sociale

« Comme si on était moins femme parce qu’on n’a pas d’enfant! »

Jessie Nadeau d'OD Bali.

Jessie Nadeau d'OD Bali.

Une fois qu'on atteint un certain âge, il n'est pas rare que l'entourage s'immisce en posant certaines questions en lien avec la fondation d'une famille : As-tu un petit copain ou une petite copine dans ta vie? Comptez-vous avoir des enfants prochainement? C'est pour quand les bébés? Cependant, pour certaines personnes, c'est loin d'être une priorité, et ce, pour plusieurs raisons. Histoire d'en savoir plus sur la pression sociale qui entoure ce genre de décisions, Narcity a contacté quelques personnalités publiques québécoises qui ne tiennent pas à avoir une progéniture, que ce soit pour le moment ou de manière non négociable.

Alors que l'actrice Catherine Brunet s'est ouverte sur le sujet lors de son apparition au podcast Liberté d'Être animé par Myriam Pelletier, publié en février dernier, ce sont l'animatrice Julie Bélanger, la créatrice de contenu et militante Jessie Nadeau ainsi que l'ex-candidate à L'île de l'amour, Marilou Lacharité, qui se sont confiées à ce propos.

Jessie Nadeau

La créatrice de contenu et militante qu'on a découverte à Occupation Double Bali en 2017, Jessie Nadeau, a pris la décision de ne pas avoir d'enfant lorsqu'elle est devenue végane et qu'elle a commencé à s'informer davantage sur l'environnement :

« Quand j'ai compris l'impact considérable de notre empreinte écologique individuelle et collective, j'ai réalisé que chaque nouvelle vie humaine engendrait une augmentation de la pression exercée sur notre planète déjà fragilisée. [...] L’idée d’être enceinte ne m’a jamais apporté une sensation de bien-être. Au contraire, ça a déclenché une certaine anxiété et un malaise. Mais c’est surtout l’accouchement qui me tente le moins dans le processus. Je comprends que de nombreuses femmes disent vivre cette expérience de manière positive et transformatrice, mais de mon côté, même en ayant en tête les témoignages positifs, je perçois l'accouchement comme un cauchemar.

« Après, il faut dire que j’aime vraiment ma liberté et ma flexibilité d’horaire actuelle. Autre argument qui résonne en moi plus que jamais, et qui se résume à : Having kids, in THIS economy? (Avoir des enfants, dans CETTE économie?) », a-t-elle mentionné avant de poursuivre :

« J'ai réalisé que mon côté maternel est bien présent, même très présent, mais plus avec les animaux qu’avec les enfants humains. [...] Je sais qu'il y a des parents qui s'indignent lorsque les parents adoptifs d'animaux appellent leurs animaux de compagnie leur bébé ou leur enfant. Je le dis tout de suite; je suis l’une de ces personnes qui appellent les animaux que j’adopte mes furbabies. Et donc, je me considère comme une mère. Un rôle qui doit passer par l’adoption et la garde responsable d'animaux de compagnie qui nécessitent un engagement sérieux, des soins appropriés et une responsabilité continue. »

Jessie nous a ensuite fait part de la pression sociale qu'amènent toutes ces raisons qui justifient son choix de ne pas avoir d'enfant :

« [Je la sens] moins qu'avant, mais il y a encore une pression sociale, définitivement. Je suis tannée de ressentir que je dois justifier ma réponse à leurs questions, que je dois expliquer mon choix. C'est lourd. Alors, bien souvent je fais juste dire "peut-être" avec le sourire et que je ne suis pas fermée à l'idée, pour avoir la paix. On me dit encore parfois que je ne connaîtrai pas le summum de l'amour ressenti par un parent envers son enfant, ou plus précisément celui d'une mère lorsqu'elle tient son bébé dans ses bras pour la première fois après l'accouchement. On me dit encore que c'est parce que je n'ai pas encore rencontré la bonne personne. Déconstruire tout ça me prendrait plus qu'une dizaine de lignes. J’entends encore souvent que ne pas avoir d’enfants est égoïste. »

Ces propos dont elle est encore témoin sont, d'après elle, « non seulement une opinion basée sur des jugements erronés et des généralisations simplistes, mais ça ne tient pas compte des multiples façons de contribuer à la société et au bien-être des autres en dehors de la parentalité [comme] consacrer temps, énergie et ressources à des causes humanitaires, à la protection de l'environnement, à l'éducation, à la création artistique ou à d'autres formes d'engagement social. »

Catherine Brunet

Lors de sa discussion avec l'animatrice du balado Liberté d'Être, l'actrice Catherine Brunet s'est confiée sans retenue sur le fait que la maternité n'est pas un concept qui l'intéresse, malgré le fait que l'homme avec qui elle partage sa vie depuis plus de huit ans, le comédien Antoine Pilon, aimerait potentiellement devenir papa. Elle a d'ailleurs souvent fait face à des avis non sollicités de gens, incluant des membres du personnel de la santé :

« J'ai reçu ça de la part de médecins, d'infirmiers, infirmières, pas juste du monde autour de moi. Je me suis fait dire "Bien non, tu ne peux pas" parce que je voulais me faire la ligature parce que j'ai des règles difficiles, je suis tombée enceinte même si je me protégeais. En tout cas, mais non, je me fais dire que je suis trop jeune, que je vais changer d'idée. »

L'actrice a d'ailleurs expliqué que, si son conjoint tient à fonder une famille, elle est ouverte à ce que ça se fasse avec une autre femme :

« Je sais que les gens ne comprennent pas quand je dis ça, mais moi si mon chum veut un enfant, mais qu'on a envie d'avoir notre vie à deux, ça ne me dérange pas qu'il fasse un enfant avec quelqu'un d'autre. Dans tous les cas, moi quand j'étais jeune, tous mes amis et moi, tous nos parents étaient séparés anyway, tu avais quatre demi-frères [...], c'est déjà un peu f*cké. Pourquoi tu ne ferais pas un enfant avec une amie qui, elle, veut un enfant et son chum n'en veut pas, peu importe, et vous l'élevez une semaine sur deux? »

Selon elle, les femmes, même lorsqu'elles sont plus jeunes, ont une certaine charge mentale reliée au fait d'avoir des enfants plus tard. Bien que ce soit un sujet dont elle parle à coeur ouvert, Catherine indique qu'elle se donne tout de même le droit de changer d'idée par rapport à ses choix et que c'est le genre de décisions qui ne concerne qu'elle.

Julie Bélanger

Ça fait maintenant 18 ans que l'animatrice, blogueuse, chanteuse et autrice Julie Bélanger partage sa vie avec son conjoint Ken Shuglo. Si elle nous a expliqué que la possibilité d'avoir des enfants est un sujet qui ne fait plus partie des discussions entre son amoureux et elle, Julie mentionne que c'est plutôt la vie que le duo a accepté avec le temps :

« En fait, dans notre cas, ça fait un moment que tout ça est du passé... Ce n'est pas tant qu'on n'en voulait pas, on a essayé, mais on en est venus à l'évidence que ça ne marchait pas. Bien des gens se tournent alors vers les traitements en fertilité, ce que je respecte et comprends totalement, mais pour nous, c'est une option qu'on a rapidement écartée. Je sortais d'un burn-out, l'idée de jouer avec mes hormones m'effrayait, j'avais peur de tomber à nouveau! Donc voilà, on a accepté ce que la vie nous donne et on a accepté notre chemin de vie, de couple sans enfant. »

Cependant, c'est dans la trentaine que l'animatrice a ressenti davantage de pression sociale face au fait que Ken et elle n'auraient pas d'enfant :

« Des questions du genre "C'est pour quand les beaux bébés?" qui te font comprendre que ce n'est pas normal que tu n'en aies pas encore à ton âge. Quand j'ai sorti un papier aussi sur Internet qui portait le titre Je n'aurai jamais d'enfant (parce que j'étais tannée de me faire poser la question en entrevue constamment), la grande majorité des commentaires ont été doux, beaux et touchants. Plusieurs s'y sont reconnus et m'ont remerciée de mettre des mots sur ce qu'ils vivaient... Mais j'ai aussi eu deux ou trois madames qui me traitaient d'égoïste et de carriériste. Comme si on était moins femme parce qu'on n'a pas d'enfant! Ça, ça me révolte à chaque fois. »

« Je pense que les gens ne réalisent pas en posant des questions sur la maternité à quel point c'est un sujet sensible et intime. Même moi, je l'ai déjà fait par le passé en tant qu'animatrice! En le vivant à mon tour, je me suis dit que plus jamais je n'aborderais cette question avec des gens, à moins qu'eux m'en parlent en premier. On ne sait pas si le couple vit un deuil tous les mois et souffre derrière les portes closes », a-t-elle ajouté.

Julie termine donc en conseillant aux gens de ne pas nécessairement aborder la maternité (ou la non-maternité) parce que c'est quelque chose qui a un côté très personnel, ce qui fait que selon elle, « on ne peut pas lancer [ça] de façon légère » puisque ça pourrait blesser ou ajouter une pression sans qu'on le sache.

Marilou Lacharité

Lorsqu'on a demandé à Marilou Lacharité, créatrice de contenu, coiffeuse et ancienne participante de la première saison de L'île de l'amour, si elle ressentait de la pression par rapport au fait qu'elle ne tient pas à avoir des enfants pour le moment, elle nous a expliqué que ce choix n'est pas coulé dans le béton :

« Je ne suis pas fermée à 100 %, je pourrais toujours changer d’idée, mais pour le moment je ne me vois pas avoir d’enfant dans ma vie. [Cependant], je ne ressens pas de pression, car les gens autour de moi sont au courant de mon choix. »

Celle qui partage sa vie avec Jacob Heiniger, de L'île de l'amour saison deux, depuis le mois d'octobre 2022 sur les réseaux sociaux avait expliqué son ressenti par rapport au fait de tomber enceinte lors d'une story partagée sur Instagram en mars 2023 :

« Je n'ai jamais ressenti le besoin d'avoir un enfant et nous vivons dans un monde où avoir un enfant, on va se le dire, c'est pas facile et ça demande énormément de temps et de patience. Ce que je ne suis pas prête à donner pour le moment. Et oui, Jacob pense aussi comme moi par rapport à ça. »

Lorsqu'on lui a demandé si c'était une question qui revient souvent, Marilou nous a mentionné qu'elle reçoit effectivement fréquemment ce genre d'interrogation de la part de personnes qui ne font pas partie de son entourage proche. « Ils me répondent [ensuite] que je suis jeune et que j’ai le temps de changer d’idée... Comme si ce n’était pas "normal" de ne pas vouloir d’enfant », ajoute-t-elle.

Si elle avait une recommandation à partager sur le sujet, ce serait de « ne pas [faire] d’enfants juste pour plaire à la société, faites-en parce que vous en voulez vraiment ».

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