Stéphanie Bélanger de Vie$ de rêve revient sur son passage à TLMEP et l'impact de la série

« Jamais, jamais, jamais un homme n’est venu sur le plateau ou a dit qu’il réussissait, puis que quelqu’un lui a dit : “Ouais, mais ta femme est-elle d’accord?” C’est jamais arrivé. »

Stéphanie Bélanger et Elisabeth Chicoine à Tout le monde en parle. Droite : Stéphanie Bélanger de Vie$ de rêve.

La série Vie$ de rêve sort le 18 décembre sur Crave et elle fait déjà jaser.

La nouvelle docu-série Vie$ de rêven'est même pas encore sortie qu'elle est déjà sur toutes les lèvres. Alors qu'on y suit le quotidien hors de l'ordinaire de six femmes québécoises qui vivent dans le grand luxe, leur fortune déclenche les débats, surtout depuis leur passage à l'émission Tout le monde en parledu 8 décembre dernier.

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Qu'elles soient entrepreneures ou fortunées par alliance, la coach de vie et conférencière Sonia Zarbatany, la courtière immobilière Tatiana Londono, Isabelle Gauvin, Elisabeth Chicoine, la designer d’intérieur Stéphanie Bélanger ainsi que l'urgentologue pédiatrique Dre Tammy Gafoor ne cachent pas leur richesse abondante dans la nouvelle production de Crave.

Jet privé, diamant hors de prix, condos de luxe, soirées mondaines : la vie jet-set de ces femmes a tout pour faire rêver. Cependant, alors que seule la bande-annonce a été vue par le public, les critiques fusent de toute part. « Contenu superficiel », « mauvais timing » et « pourquoi afficher sa richesse? » sont quelques exemples de commentaires que Vie$ de rêve a reçu.

Suite à ces fortes réactions, Narcity Québec s'est entretenu avec la designer Stéphanie Bélanger, fondatrice de Rebel Design, pour mettre les choses au clair et connaître son point de vue face à l'impact de cette docu-série.

Depuis votre passage à TLMEP, il y a une déferlante de commentaires négatifs et votre fortune semble déranger. Comment réagissez-vous à cette situation?

« Moi, c'est sûr que je m'en attendais, parce que je sais comment c'est tabou l'argent au Québec depuis toujours. Je savais que ça allait déranger comme émission. Par contre, je ne pensais pas que les gens allaient réagir aussi fortement, puis qu'ils allaient être vraiment... Les gens sont fâchés.

« Et ce n'est pas juste être en désaccord. Moi, quand il y a quelque chose qui ne m'intéresse pas, je change de poste ou je ne lis pas. Je ne vais pas accorder d'importance à quelque chose que je n'ai pas d'intérêt, mais là, ce n'est pas ça. Les gens sont profondément choqués. Je ne m'attendais pas à une réaction aussi forte.

« Par contre, ça ne passe jamais directement par les filles. Dans le sens, que nous, de notre côté, on ne reçoit pas ces messages-là, ça se passe sur la page Facebook de Tout le monde en parle ou autre. Parce que de notre côté, on voit quand même une grosse vague d'amour. Et moi, le message que j'ai essayé de passer à Tout le monde en parle, c'est : on serait tellement plus puissant, plus fort en tant que personne, dans tous les domaines et les sphères de nos vies si on s'entraidait plutôt que d'essayer de s'écraser. »

« Après, je n'ai jamais dit : "Il faut être riche, il faut être millionnaire, il faut faire de l'argent, que c’est juste l'argent qui va te rendre heureux. Ce n'est vraiment pas mon discours depuis le jour un, puis dans les émissions, on va le voir aussi. Je ne suis pas quelqu'un qui va donner de la valeur à l'argent. Je trouve que c'est un moyen d'y arriver, qui est un moyen de pouvoir te payer des expériences de vie, de se bâtir des souvenirs, et tout. Ça l'aide vraiment dans la vie, je suis tout à fait d'accord, mais je n'ai jamais eu comme but de faire X montant par année. Donc, mon discours n'a jamais changé. Et ce que je suis contente, c'est qu'il y a beaucoup de gens, beaucoup d'inconnus, des centaines qui m'ont écrit pour me dire : "Grâce à ton discours, ce que j'ai entendu, ça me donne l'énergie ou le courage d'accomplir mes rêves, ça m'a donné le goût d'essayer". Ça, je trouve ça vraiment beau, parce que c'est pourquoi j'ai accepté de faire cette émission. Au départ, c'était pour inspirer les gens. »

« Alors, je trouve ça le fun que le message ait passé pour certaines personnes, mais je trouve ça plate qu'on nous accuse de tous bords, tous côtés d'être des égoïstes qui ne redonnent pas à la société. [...] Donc, on a dit qu'on redonne toutes beaucoup. Moi, je donne énormément à plein de fondations. Mais quand on en parle, on est des vantardes et on ne donne pas assez, selon le monde, même s'ils n'ont pas le chiffre. Puis si on n'en parle pas, on est des maudites égoïstes. Ce n'est jamais correct.

« Quand on parle d'argent, surtout quand c'est des femmes, il n'y en a pas de bonnes réponses à donner. Il n'y en a pas. »

Sur le plateau, Claude Poirier a posé une question à savoir si vos conjoints étaient d’accord pour votre participation à l’émission. Quelle a été votre réaction en entendant ce commentaire?

« Ça, j'ai trouvé ça dégueulasse honnêtement. Moi je capotais. Et je connais Claude à l'extérieur de l'émission, puis il est super intéressant. Mais là, je me disais : "Si j'embarque là-dedans, c'est sans fin, puis peut-être que ça va nous couper d'autres sujets qui pourraient être plus intéressants, mais jamais, jamais, jamais un homme n’est venu sur le plateau ou a dit qu'il réussissait, puis que quelqu'un lui a dit : "Ouais, mais ta femme est-elle d'accord?" C'est jamais arrivé.

« J'ai tellement trouvé ça régressant et épouvantable comme commentaire, parce que premièrement, si on est là, c'est sûr que nos conjoints sont au courant et qu'ils nous appuient là-dedans, voyons donc.

« C'est comme encore une fois, c'est toutes les preuves que la femme est encore, aux yeux de l'homme, pas au même niveau. Ce n'est pas pour tout le monde, mais il y en a encore beaucoup, des mentalités comme ça. C'est pour ça que ça choque, parce que c'est des femmes qui en parlent. C'est des femmes qui parlent d'argent, puis c'est des femmes qui travaillent, c'est dérangeant qu'on prenne autant de place. Ça, je trouve ça plate. »

La question du timing de la sortie de l'émission a aussi été décriée, alors que la population vit une période économique difficile. Êtes-vous d'accord avec ces critiques?

« Peut-être que c'est maladroit, la façon que ça a été fait. [...] La raison pourquoi ils ont décidé de le sortir juste avant les Fêtes, c'est parce que pour eux, ça allait donner le temps aux gens, pendant les Fêtes, de l'écouter d'un coup, d'écouter cinq émissions d'un coup. C'était ça l'idée derrière la date de sortie, puis nous, on n'a pas été consultées pour ça non plus. Et il faut se rappeler qu'à la base, c'est un divertissement.
« Mais écoute, ce que je trouve intéressant, c'est que ça l'ouvre des discussions, puis que dans le temps des Fêtes, on va tous être en famille, puis peut-être que les gens vont en parler autour de la table. Peut-être que ça peut faire un peu baisser les tabous. Je le souhaite. »

« Vie$ de rêve » se décrit comme une docu-série et non une téléréalité. Quelle est la différence selon vous et pourquoi c’est important d’apporter la nuance?

« La raison de la docu-série, c'est parce qu'ils documentent nos vies. Ça veut dire qu'ils nous suivent dans nos vies au quotidien. Une téléréalité, c'est un peu plus de drama. Les gens sont un peu plus ensemble avec des contextes de conflits ou quoi que ce soit. Nous, on s'est rencontrés tout le monde ensemble une seule fois pendant le show. »

« Ça reste un divertissement au même titre que les téléréalités américaines, parce que ce n'est pas en train de dire : "Voici ce que vous devez faire pour faire des millions". Ce n'est pas ça, ce n'est pas un documentaire, c'est vraiment pour divertir. »

Pensez-vous que le public sera plus au rendez-vous pour le côté voyeur que pour être inspiré à réaliser ses rêves?

« On serait vraiment menteur de dire qu'on n'aime pas ça [ce genre d'émissions]. Même les gens au Québec, parce qu'on les consomme toutes les séries comme Selling Sunset ou Real Housewives. [...] Il y a plein de monde qui chialait, puis était comme : "Je vais quand même l'écouter, mais ça va me faire chier. Je vais pouvoir les juger puis être frustré ". Je pense que les gens sont quand même très curieux, puis qu'ils vont regarder un peu, justement, par rapport au côté voyeuriste. »

Vous avez dit avoir dû changer de voiture parce que vous aviez perdu des clients et qu’il a fallu « embarquer dans la game ». C’est quoi votre relation avec cette game, justement?

« C'est sûr que je travaille vraiment dans les maisons de prestige et des gros projets haut de gamme. Cette clientèle-là va beaucoup miser sur l'image. Pour la plupart, la réussite et le succès, ça se transmet beaucoup par ce que tu portes, ce que tu possèdes par le matériel. C'est une majorité, malheureusement.

« Dans le fond, c'est que si j'arrive mal habillée, avec une voiture rouillée, ça peut paraître comme si je ne réussissais pas dans la vie, ou je n'avais pas assez de clients, ou pas assez de gros contrats. Donc, c'est comme rassurant pour eux que je paraisse être au même niveau, que je sois dans la même game. C'est comme si j'avais réussi à atteindre un standard qui est acceptable pour eux. C'est comme si ça me donnait de la compétence, le matériel que j'ai.

« J'ai une relation amour-haine avec ça, parce que c'est sûr que je préfère mettre mon argent dans un voyage que dans un sac à main, par exemple. C'est ça qui fait en sorte que j'ai toujours tendance à acheter en solde. On dirait que j'essaie d'être raisonnable malgré tout là-dedans. [...] J'ai comme une limite psychologique à payer un prix complètement indécent pour un objet. Surtout que je me dis tout le temps, si on passe au feu, si on rentre en temps de guerre, peu importe, je m'en fous de ce que j'ai dans mon garde-robe en toute honnêteté.

« Par contre, il ne faudrait pas que je fasse l'hypocrite en disant que je n'aime pas le beau. Parce que je suis dans un domaine de paraître. J'adore les belles choses, j'adore les beaux vêtements, j'adore les belles maisons, je suis obsédée par le design, tout ce qui est esthétique. Mais ça ne veut pas dire que je suis prête à payer n'importe quel prix et ne pas regarder les dépenses, parce qu'il y a quand même des limites à payer un morceau de vêtement ou une sacoche pour moi.

« [...] J'ai eu des situations super inconfortables en voyage, justement parce qu'on s'en fait des voyages avec des expériences quand même très haut de gamme. Puis, à un moment donné, en Afrique, on avait cinq serveurs qui nous regardaient manger. C'était tellement malaisant et inconfortable. Je leur ai demandé de venir s'asseoir à table, parce que je voulais entendre leur histoire, je voulais partager. Ça a été tellement intéressant. Ça pour moi c'est une expérience qui vaut la peine. D'avoir cinq personnes qui me regardent, puis qui attendent juste que j'échappe un petit morceau pour me le ramasser ou que je prenne une gorgée pour venir me remplir mon verre, ça pour moi, ça ne sera jamais une expérience que je vais apprécier. Il y a trop de disparités. »

La docu-série Vie$ de rêve sera disponible sur Crave à compter du 18 décembre 2024 et se divisera en dix épisodes.

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