L'agente de Cath Peach et Claudie Mercier nous dit ce que ça prend pour devenir influenceur

Techniquement, tout le monde pourrait le devenir, MAIS...

Influenceurs et influenceuses représenté.es par Jinfluence.

Influenceurs et influenceuses représenté.es par Jinfluence.

Les créateurs et créatrices de contenu, qu'on nomme souvent influenceurs et influenceuses ont parfois mauvaise presse. D'un point de vue externe, ces belles personnes cumulent les milliers d'abonné.es sur leurs plateformes et semblent vivre une vie de rêve où les marques font la file pour leur offrir des gratuités et les inviter un peu partout. Alors que plusieurs se défendent en justifiant l'ampleur de leur travail, c'est parfois difficile de comprendre ce qui est « siii difficile » quand tu fais des stories pour parler d'un produit, ou tu publies des photos un bac de jujubes à la main. Afin de démystifier le milieu de l'influence au Québec, Narcity a décidé de s'entretenir avec l'une des femmes au sommet de cette industrie, Karine Pelletier, soit la directrice générale de Jinfluence ainsi que directrice marketing et commandites pour Productions J.

Jinfluence, c'est l'agence réputée à Montréal qui représente certaines des personnalités du Web les plus convoitées : les ancien.nes participant.es d'Occupation Double. Claudie Mercier, Catherine « Peach » Paquin, Frédérick Robichaud, Noémie Marleau et Julie-Anne Ho ne sont que des exemples de personnes avec une immense portée et notoriété qui ont signé avec la boîte.

L'agence affirme d'ailleurs qu'elle se démarque par son « approche personnalisée pour répondre [aux] besoins et par la créativité de [ses] campagnes d’influence ». Mais quel est le rôle de l'agence, concrètement? Est-ce que ça vaut la peine de travailler avec une boîte de marketing d'influence et partager ses revenus? Et si quelqu'un qui n'a pas participé à une téléréalité, comme toi et moi, voulait devenir créateur ou créatrice, comment faudrait-il s'y prendre?

Karine Pelletier a répondu à toutes nos questions sur son domaine aussi polarisant que convoité.

Qu'est-ce que le rôle d'un agent en marketing d'influence?

« En fait, l'agent d'influenceur est là pour aider et supporter les influenceurs, c'est-à-dire négocier leurs contrats, s'assurer qu'on peut faire un plan, une stratégie avec eux, selon ce qu'ils ont envie de faire. Parce qu'on ne va jamais les forcer à faire quoi que ce soit qu'ils n'ont pas envie. Je pense que c'est ça la base d'un influenceur. Si ce n'est pas dans l'authenticité, ça va leur nuire, bien évidemment. Donc, c'est un peu ça le rôle : de supporter les influenceurs dans leurs envies et surtout dans la négociation de contrat avec les clients », explique Karine Pelletier.

Comment choisissez-vous quel influenceur ou influenceuse va être un bon « fit » pour un contrat?

« Nous, en fait, on a souvent des clients qui nous approchent pour certaines campagnes. Alors, plusieurs nous demandent un influenceur qu'ils ont déjà en tête. Autrement, on va regarder le profil. Par exemple, si on a quelqu'un qui veut avoir un côté beauté, on sait qu'on a certaines influenceuses liées au côté beauté. Par exemple, Noémie Marleau est magnifique, elle a une peau magnifique, bien c'est sûr que c'est un bon fit avec certaines marques.

« Si on va sur le site Internet de Jinfluence, tout est identifié, d'ailleurs. Chacun a leur profil et leur catégorie. Donc, on a du monde lifestyle, beauté, sport, et tout ça. »

Est-ce que Jinfluence prend seulement des personnes qui ont participé à des téléréalités avec Noovo, comme OD ou Survivor? 

« En fait, c'est une bonne question parce que principalement on a des gens qui sont issus soit d'Occupation Double, soit de Survivor, mais de plus en plus on fait des contrats avec certains clients qui veulent des gens avec un profil différent alors on va chercher des gens d'ailleurs. On a d'ailleurs une compagnie qui fait des petites couvertures pour bébé avec qui on est allé chercher des micro-influenceurs et ils n'étaient pas dans l'agence, mais on travaille beaucoup avec d'autres personnes maintenant. Et on va demander aux gens, de plus en plus, de rentrer dans la banque de données parce qu'on a des contrats différents qui demandaient des gens différents. Donc ça, je pense que ça va être intéressant pour tout le monde. »

Tu parles d'une « banque de créateurs ». Est-ce que n'importe qui peut s'y ajouter? Comment est-ce que quelqu'un entre dans la fameuse banque?

Influenceurs et influenceuses repr\u00e9sent\u00e9.es par Jinfluence.

Influenceurs et influenceuses représenté.es par Jinfluence.

Jinfluence

« Dans le fond, tu peux nous contacter à info@jinfluence.biz et aussi tu peux aller sur notre site Internet. On va regarder un peu ton profil pour voir si tu es un fit avec certaines compagnies avec qui on travaille.

« Il faut quand même être un créateur de contenu. Il faut faire du bon contenu, il faut être pertinent, il faut avoir une authenticité, il faut que les gens te suivent. Alors, à ce niveau-là, si tu as tout ça, oui, bien évidemment, tu pourrais devenir une influenceuse parce que tu as une passion et tu y crois. Et plus que les gens te suivent, plus les clients vont voir qu'il a un intérêt à travailler avec toi. Ça dépend de ce que tu fais. On a des clients pour toutes les mesures d'influenceurs. Il suffit d'avoir du bon contenu. Quelqu'un qui veut bien le faire et le fait bien peut arriver à être influenceur. Mais ça prend une passion! C'est un travail en soi. »

Est-ce qu'il y a un nombre minimum d'abonné.es que les gens doivent avoir pour soumettre leur candidature à Jinfluence et devenir influenceur ou influenceuse?

« Je te dirais au moins 1 000... Si tu commences à 1 000, c'est déjà pas pire. Mais ça dépend aussi des campagnes. Ça ne veut pas dire que parce que tu as plus de 1 000 abonnés tu vas avoir plein de contrats, mais ça peut arriver. Les micro-influenceurs, il y en a beaucoup qui font plein de choses et il y a du monde hyper intéressant qui ont des profils hyper différents aussi. Donc, oui, il y a les macros comme Claudie Mercier qui a tellement de monde [qui la suit]. Elle a 1,2 million d'abonnés sur TikTok, elle a aussi plein de monde sur son Instagram, alors c'est quand même impressionnant et ça attire certains contrats versus il y en a d'autres qui sont des micros, mais peuvent faire des choses hyper intéressantes aussi. Les compagnies regardent pas mal tout le monde à différents niveaux, donc ça dépend des contrats qu'on a. »

« On fait aussi des vérifications [pour les faux abonnés]. Pour nous, c'est important parce que ça représente leur image et notre image aussi, alors on ne veut pas entacher d'image. Et c'est quand même assez évident si tu achètes des abonnés. Si tu regardes les abonnés, d'où ils viennent et tout, dans la banque, et ça va se refléter dans ton taux d'engagement. Si du jour au lendemain tu es passé de 500 à 40 000, je peux te dire que c'est assez évident que tu as acheté des abonnés. Mais c'est pas à leur avantage. »

Et si quelqu'un comme moi voulait devenir influenceuse dès demain, quels sont tes principaux conseils?

Conseil #1 : Trouver une niche qui te passionne et être constant.e sur son exploitation

Alors que Karine Pelletier s'est basée sur mes propres réseaux sociaux, @iza.bee sur Instagram et IzabelleBee sur TikTok pour donner ses exemples de choses à faire, mais aussi à éviter, elle a un premier constat : « J'ai regardé ton profil Instagram, j'ai regardé ton TikTok, et ce que je trouve intéressant c'est que tu as deux profils hyper différents. Sur ton TikTok, ça reflète beaucoup plus ce que tu fais en tant que journaliste, et sur ton compte Instagram, ça reflète Izabelle qui voyage, qui a du plaisir, qui est coach de cheerleading et tout ça. Mais, je pense que ça serait bon de marier les deux et ne pas avoir de distinction entre les deux. »

Le fait d'avoir deux profils avec des niches très différentes n'est pas idéal, selon Karine, qui explique que de choisir une lignée ou combiner ses passions pour que tous nos réseaux sociaux aient la même direction est le plus important : « Par exemple, tu as parlé de deux restaurants ou d'un événement que tu as fait avec Bridgerton et tu as eu vraiment beaucoup de monde qui a regardé la vidéo, qui t'a posé des questions. Les gens étaient intéressés [...]. Je pense qu'il y a un engouement pour ce genre de vidéo avec toi parce que tu amènes des informations intéressantes et tes images sont super belles : moi-même, j'avais envie d'aller au restaurant que tu as présenté ou de vivre l'expérience que tu as vécue. Puis, je trouve que sur ton Instagram, à l'inverse, tu as des photos de voyage et des fois quelques vidéos, mais c'est moins reflété. L'information de ton côté journalistique est super intéressante. Tu pourrais tellement plus aller en profondeur. Tes images sont belles, mais on dirait que tu es moins engagée au niveau de la vidéo. Ce serait important de faire des reels et tout. Si j'étais toi, demain matin, ce serait ça ma niche : tu peux voyager et aller dans des restaurants. »

« Aussi, on ne connaît pas assez c'est qui Izabelle. Ça serait le fun de voir plus ça. »

Conseil #2 : Être authentique

Selon la directrice générale de Jinfluence, l'authenticité est une règle d'or. Les abonné.es vont le sentir si ce n'est pas fait par pur intérêt et passion ou si, pire encore, il y a des discordances entre les valeurs qu'on prône et les partenariats choisis ou les agissements.

« Ta passion, c'est important que ça soit authentique parce que si tu le fais juste pour le faire ou juste pour être populaire ou pour avoir de l'argent, ça va transparaître. Les gens vont finir par tomber en amour avec toi [si tu es authentique]. Tu fais partie de leur quotidien. Le matin, souvent les gens se lèvent, ils vont sur leurs réseaux sociaux et là ils regardent et ils vont voir, admettons, ta vidéo. C'est sûr que tu vas finir par faire partie de leur quotidien. Je suis sûr que toi-même, à un moment donné, tu as fait : "Hey, je le connais, salut!" [en voyant un influenceur]. Tu ne connais pas vraiment la personne, mais tu la vois tous les jours alors tu as l'impression de la connaître.

« Quand je dis l'authenticité et la constance, c'est vraiment important. Les gens regardent ça. Si tu dis un truc et tu fais l'inverse, les gens le savent et ils vont te le dire. (rires) »

Conseil #3 : Laisser les gens te connaître, tout ne doit pas être léché et parfait

En plus d'être authentique, un bon conseil — mais pas une obligation — est d'être « parfaitement imparfait.e ». Pour créer une proximité avec les personnes qui vont s'abonner à toi, c'est important d'avoir une certaine vulnérabilité et de se montrer sous tous les facettes.

« On devrait te connaître un peu plus. J'ai l'impression que je ne te connais pas beaucoup. Que tu mets juste des images de toi... Parfois. Des fois, tu es avec des gens... Je ne le sais pas. Est-ce qu'elle a un copain? Elle va où? On dirait qu'il manque d'informations. J'aimerais ça te connaître plus. On dirait que je ne te connais pas assez. Pour moi c'est important, les gens aiment ça te connaître. Et pas juste les images léchées : c'est correct le good, le bad and the ugly parce que ça fait que ta vulnérabilité amène quelque chose d'intéressant. »

« Mais ça dépend de chaque profil. Tu montres ce que tu veux montrer [...]. À un moment donné, c'est de définir comment toi, tu veux te positionner sur les réseaux et ce que tu veux démontrer. »

Conseil #4 : Avoir une constance dans ses publications de contenu

Dans la même lignée que les conseils ci-haut, si tu veux faire partie du quotidien des gens et qu'ils et elles s'attachent à toi, tu dois avoir une présence active sur les réseaux sociaux, explique Karine Pelletier. Sur les différentes plateformes, la compétition est très féroce et tu peux facilement perdre l'attention si quelqu'un d'autre est plus actif et constant que toi dans un domaine similaire.

« Avoir une constance [est important]. Des fois, tu es moins constante. Des fois c'est des voyages, des fois ce n’est pas des voyages, des fois c'est la fille qui fait du coaching, des fois c'est tes amis. Des fois tu fais des stories, des fois tu n'en fais pas. Ta constance est importante. On dirait que tu n'as pas de lignée. »

Conseil #5 : Créer un engagement

Contrairement à ce que, personnellement, je pensais, les fameux mots-clics (hashtags) et les légendes (captions) ne sont pas si importants en 2023. Nous sommes à une époque où les vidéos et visuels interactifs sont hyper forts alors passer les messages que tu veux avec tes visuels fait le travail. Selon notre experte, les reels et les TikTok sont à mettre de l'avant pour captiver l'audience, surtout en début de carrière. Certains hashtags ont des milliers de publications et sont dominés par des personnalités aux millions d'abonné.es, alors il sera difficile de sortir du lot.

« Qu'est-ce qui fait en sorte que tu regardes quelque chose, ou que tu as envie de manger quelque chose? C'est [les visuels]. N'importe quelle marque, tu vas connaître leur logo. Un réfrigérateur, on appelle ça un frigidaire parce que la marque est forte [...]. Est-ce que c'est essentiel d'avoir le meilleur caption? C'est relatif. De plus en plus, le monde regarde beaucoup les reels. TikTok aussi fonctionne super bien et ce n'est pas une question de caption ou de hashtags. Je pense que le contenu est essentiel, principalement [pour créer un bon engagement]. »

Conseil #6 : Établir quel engagement de temps tu veux investir dans ta plateforme

Évidemment, si éventuellement tu veux vivre des réseaux sociaux, la bonne réponse est sans doute « beaucoup ». Mais Karine recommande simplement de savoir quel engagement de temps on veut mettre et de s'y tenir. On ne peut pas disparaître du Web pendant deux mois parce qu'on prend des vacances sans voir d'impact sur notre communauté.

« Toi-même, tu dois savoir : qu'est-ce que je veux faire? Trois fois par semaine? Deux fois par jour? Qu'est-ce que je veux faire et quel message est-ce que je veux livrer? »

Conseil #7 : Travailler avec d’autres créateurs et créatrices

L'experte explique que, dans l'industrie, les relations valent de l'or. Elle recommande de se faire des contacts et de travailler avec d'autres créateurs et créatrices qui ont les mêmes champs d'intérêt que soi-même. Un bon exemple serait les youtubeurs et youtubeuses qui se réunissent pour créer deux vidéos la même journée : l'une sur une chaîne, et l'autre sur le compte du collègue.

« Un avantage, c'est que tu connais beaucoup de monde, dont beaucoup d'influenceurs, et ça, ça peut être intéressant aussi. Tu pourrais voyager avec certains influenceurs qui vont t'aider à justement te faire connaître un peu plus [...]. Nous, on a certains influenceurs qui ont fait des voyages avec d'autres influenceurs. Veut, veut pas, moi, si je suis influenceuse et je te repartage, ça te donne une visibilité additionnelle, donc tout ça peut être intéressant. »

Conseil #8 : Avoir plusieurs plateformes de diffusion de contenu te rend plus intéressant.e pour les client.es

Pour terminer, un outil en or dans le milieu est de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Il y a différents types de personnes et différentes plateformes, et être actif ou active sur plusieurs d'entre elles aidera à se faire connaître et avoir une meilleure présence.

« L'idéal, c'est d'avoir plusieurs plateformes, mais que tes plateformes soient toutes interreliées [...]. Tu pourrais faire des choses sur TikTok que tu ramènes sur Instagram, qui va te générer [de l'engagement supplémentaire]. Tu pourrais, par exemple, te partir un YouTube qui va faire en sorte que tu peux jouer sur tes autres plateformes. Et c'est ça qui fait en sorte aussi qu'éventuellement tu es un influenceur et tu es rémunéré pour ce que tu publies. C'est toujours plus avantageux pour un client parce que tu as plusieurs plateformes aussi. »

Au final, Karine Pelletier conclut avec l'essentiel : « [...] Il n'y a pas de recette magique. Plus tu vas être pertinente, plus tu vas avoir d'abonné.es aussi. »


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