Combien «tipper» en esthétique? 7 professionnels s’ouvrent sur les attentes au Québec

Les salons de coiffure

Pour ce qui est de la coiffure, nous sommes entrées en contact avec le formateur et propriétaire des salons Les Barbares Mathieu Courtemanche, le coiffeur et propriétaire du salon Kevins Kyle Le Studio à Mirabel, Kevins-Kyle ainsi que Marie-France qui est réceptionniste dans un salon de coiffure à Sainte-Marthe-sur-le-Lac depuis plus d'une dizaine d'années.

Lorsqu'on leur a demandé si leur salaire est calculé en fonction du pourboire, Mathieu nous a répondu que ce n'est pas pris en compte et que les salaires sont plutôt négociés selon l’ancienneté. Kevins-Kyle, quant à lui, a expliqué que le pourboire n'est effectivement pas considéré, mais que ça reste une « marque d’appréciation » et que c’est un « surplus ». Marie-France nous a précisé que, dans son cas, le salaire est à commission, ce qui signifie que le tip est également un ajout à part.

Pour ce qui est du salon de Mathieu, il a expliqué que sur la machine Interac, son équipe et lui ont décidé d'afficher les options d'ajout de 18 % et 20 % pour s’assurer d’avoir un minimum de pourboire, bien qu'il précise que ce n'est jamais obligatoire. Kevins-Kyle nous a mentionné qu'il ne s’attend pas à recevoir quelque chose, mais que c’est toujours apprécié après avoir fait un « [gros] travail [...] de coiffure ».

Même son de cloche du côté de Marie-France, qui est elle aussi d'avis qu'un tip est toujours apprécié en coiffure :

« Habituellement oui [on s'attend à recevoir un certain montant], mais le pourboire en esthétique et en coiffure n’est pas obligatoire. Le tout reste à la discrétion du client. En moyenne, on frôle à peine les 10 %. »

Toutefois, les trois ont expliqué que ce n'est en aucun cas une pratique acceptable de mentionner à une personne qu'elle n'a pas donné suffisamment de pourboire :

« Qui suis-je pour juger son budget? J’ai une cliente qui depuis que j’ai augmenté le prix de mes services, n’a plus les moyens de me tipper et à chaque fois elle me dit "Kevin c’est correct, j’aime mieux donner le tip à ton assistante qui fait un plus petit salaire que toi puis je viens encore te voir à ton nouveau prix, mais je ne peux plus me permettre de te tipper". Et c’est correct puisque c’est une réponse honnête, elle doit respecter son budget. [...] Je ne suis pas à l’argent, je suis à la passion », nous a mentionné le propriétaire du salon Kevins-Kyle Le Studio.

Les salons d'esthétique

Pour l'univers des ongles ainsi que des cils, Narcity s'est entretenu avec une technicienne en pose de cils sur la Rive-Nord de Montréal, Rania, qui pratique ce métier depuis plus de six ans ainsi que Zahira, la propriétaire d'un salon d’esthétique dans Saint-Léonard à Montréal, qui nous ont d'abord confirmé que leur salaire n'est pas calculé en fonction du pourboire.

Les professionnelles ont poursuivi en nous expliquant qu'elles ne s'attendent pas à recevoir un pourboire à la suite d'un service rendu. Rania a répondu qu'habituellement lorsqu'elle fait un remplissage de cils, elle reçoit un 5 $ et un 15 $ pour une pose complète. Elle précise également qu'elle propose toujours à ses clientes de leur redonner leur monnaie puisqu'elle ne prend pas cela pour acquis. Pour Zahira, ce n'est pas quelque chose à quoi elle s'attend, mais si elle en reçoit, c'est habituellement 5 $ supplémentaires sur le total de la facture.

Cette dernière explique également que souvent, les gens ne donnent pas de surplus, car ils pensent que les techniciennes sont des travailleuses autonomes. Cependant, elle ne considère pas qu'il est possible d'aborder le fait qu'une personne n'a pas donné de pourboire, ou pas assez, tout comme Rania :

« Je ne trouve pas ça acceptable. Ce sont les prix affichés. Oui, c’est toujours flatteur et agréable de recevoir un pourboire. Moi, je vois ça comme un plus, elles m’indiquent qu’elles ont aimé mon travail. À la fin de la journée, quand tu aimes ton travail, le pourboire ne fait pas tant une grande différence. C’est un bonus », a précisé Rania.

Les soins pour le corps et le visage

Du côté des soins pour le corps et le visage, nous nous sommes entretenues avec la propriétaire du salon La Natura Casa à Saint-Jérôme, Kalyane, ainsi que Marie-Ève, qui offre des soins tels que du laser, du Slimwave et des traitements pour le visage au Salon Haute Couture à Saint-Joseph-du-Lac pour connaître leur opinion concernant la fameuse question du pourboire. Cette dernière a expliqué que le tip n'est pas calculé en fonction de son salaire et qu'il s'agit d'un surplus pour elle, alors que l'avis de Kalyane était quelque peu différent :

« En ayant une entreprise qui est encore jeune, mes employées savent que j’offre un salaire de base pour débuter et que celui-ci est révisé très fréquemment et rapidement. Car en soi, ils grandissent avec l’entreprise. Et la réussite de l’entreprise, c’est aussi leur réussite. De plus, le fait que le pourboire fait une grande différence permet aussi de justifier ce premier salaire pour débuter. »

Les deux entrepreneuses mentionnent qu'il est tout de même conseillé d'offrir un pourboire après avoir obtenu des soins. Pour ce qui est de Marie-Ève, elle estime que le tip dépend des services choisis : « Par exemple, un soin personnalisé, un soin incluant des manoeuvres de modelage, si je me suis déplacée, etc. Un minimum de 5 $ en moyenne et de 10 à 15 % pour une facture plus élevée », a-t-elle expliqué.

La propriétaire du salon La Natura Casa utilise notamment les réseaux sociaux pour sensibiliser les gens au sujet du tip dans le milieu de l'esthétique :

« Dans notre univers nous ne commentons pas le pourboire reçu, mais je fais des mentions en stories sur Instagram parfois pour "éduquer" les gens à ce niveau. Chose que mes esthéticiennes apprécient. »

Pour ce qui est de Marie-Ève, elle explique que jamais elle ne le mentionnerait à sa clientèle, et qu'elle considère que lorsque les gens partagent leur satisfaction sur leurs plateformes, c'est aussi une forme de pourboire pour les professionnels et professionnelles du milieu.