Un débat sur la nomination d'Amira Elghawaby et l'islamophobie à TLMEP fait réagir

M. Benabdallah avoue qu'il avait peur de se faire « varloper » par Guy A. Lepage.

Maxime Pedneaud-Jobin. Droite : Boufeldja Benabdallah.

Maxime Pedneaud-Jobin. Droite : Boufeldja Benabdallah.

La nomination d'Amira Elghawaby continue de faire couler beaucoup d'encre au Québec. Son départ a été exigé par certains alors que d'autres se sont porté.es à sa défense. Afin d'organiser une discussion sur le sujet, Tout le monde en parle a invité, le dimanche 5 février, l'ancien maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, et Boufeldja Benabdallah, fondateur du centre culturel islamique de Québec qui a été victime de l'attentat en 2017.

La première partie de la discussion a porté sur l'appel à la démission de la nouvelle représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie. Maxime Pedneaud-Jobin fait partie de celles et ceux qui exigent sa démission. Il a notamment signé une chronique dans La Presse, le 2 février, intitulée « Nos souffrances la font vomir ». L'ancien maire de la ville riveraine d'Ottawa a expliqué que, selon lui, Amira Elghawaby n'avait pas les compétences requises pour le poste en raison de son manque d'ouverture envers les raisons qui poussent de nombreux.euses Québécois.es à souhaiter une laïcité différente de celle mise de l'avant dans les autres provinces canadiennes ainsi qu'au gouvernement fédéral. « On peut-tu au moins respecter l'histoire difficile qu'on a eue avant de nous juger? », a-t-il lancé.

De son côté, Boufeldja Benabdallah a affirmé avoir été heurté par les propos d'Amira Elghawaby notamment sur son « envie de vomir » par rapport à l'histoire de l'oppression des Canadien.nes français.es par l'impérialisme britannique. Il a cependant fait partie des 30 signataires d'une lettre d'appui à la dame en question. Il a souligné que la principale intéressée s'était excusée pour ses propos. « On va lui donner la chance, mais on va la watcher », a-t-il affirmé pour expliquer sa position.

La discussion respectueuse entre les deux hommes a été appréciée par le public. Plusieurs internautes ont salué le travail de l'animateur, Guy A Lepage, pour mener un débat balancé.

« De loin le meilleur segment de la soirée. [...] Vraiment un bon moment de télévision où on parle de sujets sensibles et importants pour la société québécoise », a écrit cette internaute en félicitant l'émission.

Suite à la discussion portant sur Amira Elghawaby, les deux hommes ont également discuté de la loi 21. Alors que Maxime Pedneaud-Jobin a fait valoir sa vision du droit collectif des Québécois.es de vouloir séparer très clairement la religion de l'État, Boufeldja Benabdallah a expliqué que, selon lui, l'interdiction du port de symboles religieux pour certains types d'emplois avait nui aux relations entre la communauté musulmane et le reste de la société québécoise. Il a cependant dit clairement qu'il ne rejetait pas le principe de laïcité.

Certains internautes ont affirmé être en désaccord avec les critiques de Maxime Pedneaud-Jobin envers l'Église catholique en argumentant que cette dernière avait tout de même aidé la nation canadienne-française à survivre culturellement et linguistiquement.

La chroniqueuse Toula Drimonis a salué la performance de Boufeldja Benabdallah qui a, selon elle, été prêt à se placer sur la ligne de front pour défendre ses idées.

« Je vous avoue que je craignais de venir [à TLMEP] », a lancé M. Benabdallah à l'animateur. « Parce que je me suis dit que vous alliez me varloper! » Il a ajouté que cette rencontre entre lui et le chroniqueur était très difficile, mais nécessaire.

Les discussions sur la place de la religion au Québec et sur la question plus spécifique concernant l'islamophobie continuent donc de faire jaser. Amira Elghawaby a, pour sa part, affirmé qu'elle ne donnerait pas d'entrevue avant son entrée en poste, le 20 février.

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