J’ai testé la nouvelle compagnie aérienne « low-cost » qui fait Montréal-Paris pour 236 $

S'envoler pour l'Europe pour le même prix qu'un vol Montréal-Toronto? Comment c'est possible?

Izabelle Bee. Droite : L'intérieur d'un avion French bee.

French bee vient de lancer des vols « low-cost » qui lient Montréal-Trudeau (YUL) et Paris-Orly (ORY).

Depuis le début du mois de mai, une nouvelle compagnie aérienne à bas prix s’est installée à l'aéroport de Montréal. French bee, un transporteur français low-cost propose désormais des vols directs entre Montréal et Paris à prix réduits. Une option alléchante quand on peut mettre la main sur un aller simple pour moins de 236 $, ou un aller-retour pour environ 500 $. Toutefois, les lignes aériennes au rabais n'ont pas toujours bonne réputation. Vols annulés, carry-on payant ou de tailles miniatures, extras pour tout... Ça vaut la peine de se questionner : voler à petit prix vaut-il vraiment les économies?

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Pour répondre à cette question, j’ai mis French bee à l’épreuve, afin d’offrir un portrait réaliste de ce nouveau joueur sur le tarmac montréalais.

À Montréal, les options de transport aérien low-cost sont plutôt limitées, et en tant que voyageuse fréquente, avec plus de 30 vols à mon actif depuis 2023, je suis constamment à la recherche de moyens de réduire les coûts de mes escapades. Cela dit, je suis aussi prête à payer un peu plus pour éviter certaines frustrations en avion. Comme bien du monde, j’ai mes limites, surtout quand il s’agit d’un trajet long-courrier de plus de six heures.

C’est donc avec un œil critique, mais surtout curieux, que j’ai embarqué dans l’un des premiers vols French bee entre Montréal-Trudeau (YUL) et Paris-Orly (ORY), le 2 mai dernier.


Précision importante pour la transparence : je n’ai pas payé mon billet d’avion pour ce vol très convoité. Il m’a été offert par French bee, tout comme pour les autres journalistes présentes. Toutefois, la compagnie a accepté de me faire une place à bord de son avion sans droit de regard sur cet article. Mon évaluation est donc 100 % honnête et indépendante.

D'ailleurs, j’ai volontairement changé mon numéro de siège en ligne - sans prévenir l'équipe - quelques heures avant le départ, ce qui m’a éloignée du groupe de journalistes invité.e.s dans l'avion. Je peux confirmer que les agent.e.s de bord ne savaient pas que je faisais partie du groupe puisque je n’ai reçu aucun traitement spécial auquel elles ont eu droit. Eh non, je n'ai pas eu mon verre de bulles à bord et mon sac de « goodies » pour les VIP incluant, notamment, des chaussettes chaudes et des écouteurs pour le vol, ce qui m'a confirmé que j'étais dans les mêmes conditions que tout le monde, et c’est exactement ce que je voulais.


La réservation en ligne et les prix de French bee : 4,5/5

La grille tarifaire des vols avec French bee. Capture d'écran du site Web de French bee : les options de dates lors d'un booking. French bee

La plateforme de réservation en ligne est intuitive et claire. On peut facilement voir toutes les options disponibles, comparer les tarifs et faire ses choix selon ses besoins et son budget.

Les prix offerts par French bee sont franchement bas pour un vol sans escale entre Montréal et Paris, dans un sens comme dans l’autre. Cela dit, la compagnie ajuste ses tarifs selon la demande, comme le font la plupart de ses concurrentes. Résultat : durant les mois très achalandés comme juin, juillet et août, il devient difficile de trouver un aller-retour à moins de 700 $. Même si ce tarif demeure avantageux pour un vol transatlantique en pleine haute saison (on paie facilement le double ailleurs), ça dépasse un peu le prix qu’on espère payer avec une compagnie low-cost. Il faut donc avoir une certaine flexibilité sur les dates pour profiter des meilleures aubaines.

Néanmoins, il y a une bonne nouvelle si tu veux partir cet été : French bee offre un vol par jour en juillet et en août. C’est une rareté dans le monde du low-cost, surtout pour les vols long-courriers.

Contrairement à plusieurs transporteurs à rabais, le bagage cabine (jusqu’à 12 kg, soit environ 26 livres) et un sac personnel à glisser sous le siège sont inclus dans le tarif de base.

Les diff\u00e9rents forfaits lors de la r\u00e9servation avec French bee. Capture d'écran du site Web de French bee : les différents forfaits lors de la réservation. French bee

Ce que j’ai vraiment aimé, c’est la possibilité de choisir entre quatre options tarifaires claires : Bee Light, Bee Smart, Bee Flex et Premium. Ce système à la carte permet de ne payer que pour ce dont tu as réellement besoin, sans te faire imposer des extras inutiles. Tu n’as pas à financer les trois verres de vin de ton voisin dans l'avion ou les repas que tu ne mangeras même pas. Et franchement, ça fait du bien.

Personnellement, si je choisis le vol de nuit qui décolle à 23 h, je n’ai aucun intérêt à payer pour un repas à bord. Je préfère souper avant d’embarquer, déjeuner une fois arrivée, et apporter quelques collations dans mon sac au besoin. L’idée qu’on augmente le prix de mon billet simplement pour m’offrir un petit sac de craquelins, c’est non. Je préfère aller m’acheter ce que je veux à l'épicerie et économiser, tant qu’on me donne la liberté de le faire.

Même chose pour les bagages : si je voyage léger, seulement avec mon carry-on, je n’ai pas envie de payer pour une valise en soute que je n’utiliserai pas.

Les diff\u00e9rentes options de suppl\u00e9ment lors d'une r\u00e9servation sur French bee. Capture d'écran du site Web de French bee : les différentes options de supplément. French bee

Si on veut choisir son siège, il faut débourser entre 30 $ (n'importe où entre la rangée 18 et 50) et 85 $ (siège en zone cosy avec espace supplémentaire pour les jambes en 1ère rangée de la section). Et honnêtement, je trouve ça tout à fait raisonnable. À titre de comparaison, je viens de payer 86 $ (plus taxes) avec Air Canada pour un siège régulier sur un vol Montréal-Athènes cet été. Pas de zone spéciale, pas d’espace additionnel.

Globalement, je donne une note de 4,5 sur 5 à la section réservation en ligne et politique tarifaire. C’est clair, flexible, et on ne te force pas à payer pour des services dont tu ne veux pas. J’enlève un petit 0,5 point simplement parce que je rêve encore d’une compagnie qui offrirait des prix vraiment low-cost toute l’année, sans variation majeure en haute saison.


Le check-in et l'embarquement : 4,5/5

Je me suis rendue à l’aéroport International Montréal-Trudeau durant la semaine inaugurale de French bee à Montréal, donc je précise d’emblée que mon expérience a peut-être bénéficié d’un petit « effet lancement ». Le service était impeccable, et l’équipe sur place semblait vraiment heureuse d’être là.

De mon côté, j’ai effectué mon enregistrement en ligne, comme à mon habitude. J’ai pu consulter un plan de cabine clair, voir les sièges disponibles et changer de place sans frais, tant que je restais dans une catégorie de tarif égale ou inférieure à celle comprise dans mon forfait.

Ensuite, la carte d’embarquement m’a été proposée en plusieurs formats : à télécharger directement dans le portefeuille de mon téléphone, par courriel, ou encore à imprimer à une borne à l’aéroport. Bref, plusieurs options, selon les préférences de chaque personne.

Malgré cette belle fluidité, French bee perd quelques points à cause de l’absence d’une application mobile, qui pourrait rendre l’enregistrement et la gestion du vol encore plus pratiques. La compagnie m’a toutefois confirmé qu’une application sera lancée à l’automne 2025. C'est à surveiller.


Les sièges et le confort : 3/5

Les si\u00e8ges d'avion de French bee.Les sièges d'avion de French bee sont un peu plus étroits que ceux des lignes dites « traditionnelles ». @iza.bee | Narcity Québec

Soyons honnêtes : le confort en vol est clairement le point faible de French bee, mais c’est aussi ce qui permet à la compagnie de proposer des billets à des prix aussi bas. C’est le compromis classique du low-cost, et ce n’est pas propre au transporteur français : le niveau de confort influe grandement sur les écarts de tarifs entre compagnies aériennes.

Étant une personne de 5 pieds 4, je n’ai jamais eu de gros problèmes d’inconfort en avion, et j'opte toujours pour le hublot. Donc l'idée d'un espace plus restreint pour sauver quelques centaines de dollars ne me refroidit pas, au contraire. Cela dit, j’ai quand même remarqué que l’espace pour les jambes était un peu plus limité que la normale, ce qui ne change rien pour une personne de ma taille, mais peut être difficile pour les grandes personnes qui se trouvent déjà à l'étroit dans les avions « standards ». Tout comme chez les compagnies traditionnelles, le siège sur le bord de l'allée ou le banc de la rangée à l'avant sont des meilleures options pour les personnes de plus de 6 pieds, à mon avis.

Après vérification, l’espacement entre les sièges, qu'on appelle le pitch, est d’environ 31 pouces chez French bee, soit un pouce de moins qu’Air Canada et Air Transat, qui offrent 32 pouces en classe économique.

Côté largeur, les sièges sont environ 1,5 cm plus étroits que ceux des compagnies traditionnelles. Ce n’est pas énorme sur papier, et je ne l’ai pas particulièrement senti en m’asseyant. Par contre, le hasard m’a placée aux côtés de deux personnes plus costaudes, et étant moi-même un peu plus large que la moyenne, la différence s’est fait sentir. Rien de dramatique, mais dans un endroit aussi restreint qu'un avion, chaque centimètre compte. Autre point à souligner : quand la personne devant incline son siège au maximum, le pouce de moins se fait aussi sentir. Même dans un avion offrant un peu plus de dégagement, ce n’est jamais très agréable, alors ici, c’est encore plus perceptible.

Côté confort, j’ai tout de même été agréablement surprise de recevoir une couverture gratuite pour ce vol de nuit. Un geste inattendu pour une compagnie à bas prix. On m’a toutefois confirmé que cette offre était exceptionnelle pour le week-end d’ouverture : à l’avenir, il faudra débourser 5 € pour obtenir la doudou bleue. Honnêtement, ça me convient tout à fait. J’ai toujours avec moi un coussin portatif multifonction qui se transforme en couverture lorsque je prends l'avion donc pas besoin de plus, surtout si j'économise sur le prix de mon billet en évitant cette gratuité.

Bonne surprise aussi : chaque siège est équipé d’un écran individuel et d’un port USB pour recharger son téléphone. Un must à mon avis, même si certaines compagnies populaires n'en ont toujours pas!

La nourriture et les boissons : 4,5/5

Comme mentionné plus haut, tu ne payes que pour ce que tu veux, et personnellement, j'adore le concept.

Je m'attendais à ce que l'offre soit très basique, mais j’ai été agréablement surprise. C'est une compagnie française, et le menu rend honneur à la réputation du pays. Oui, j'ai eu un délicieux croissant. C'est cliché, mais c'était parfait.

Dès la réservation, tu peux précommander ton repas ou tes collations, ou encore consulter le menu interactif via ton écran personnel une fois à bord. Ça change des menus en carton défraîchis qu’on voit encore trop souvent ailleurs.

Pour 30 $, tu obtiens un repas complet qui inclut une entrée, du pain (c'est français, après tout), un plat principal, un dessert, une boisson froide et une boisson chaude. Ce qui m’a vraiment impressionnée, c’est la variété d'options disponibles pour les préférences et intolérances : casher, véganes, sans lactose, halal ou à base de poisson, le tout pour 38 $, en précommande. Une belle attention à la diversité alimentaire des passager.ère.s.

Mon petit coup de coeur dans le menu : l'apéritif pour deux servi avant le repas comprenant deux bouteilles de Champagne Nicolas Feuillatte de 200 ml et deux assiettes de trois bouchées apéritives chaudes, le tout pour 45 $. Ça met dans l’ambiance pour Paris avant même l’atterrissage.

Sur mon vol de retour, j’ai opté pour le repas régulier, et je dois dire que la qualité était étonnamment satisfaisante, voire supérieure à plusieurs concurrents. Ce n’est pas un plat étoilé Michelin, bien sûr, mais j’ai terminé mon assiette, ce qui n’arrive pas toujours dans les airs.

Le divertissement à bord : 4/5

L'\u00e9cran des si\u00e8ges d'avion French bee. Le divertissement à bord de French bee est somme toute satisfaisant, avec de nombreuses options de films en français et en anglais. @iza.bee | Narcity Québec

J’avais pris pour acquis qu’il n’y aurait pas d’écran à bord d'une compagnie low-cost, comme c’est encore le cas dans plusieurs avions de compagnies populaires, notamment Air Canada Rouge ou Sunwing. C’est donc avec surprise que j’ai découvert un écran personnel à chaque siège.

La sélection de contenu était intéressante et diversifiée, avec 77 films disponibles, dont plusieurs titres récents comme Barbie (2023), Aquaman et le Royaume perdu (2023) ou encore L’Idée d’être avec toi (2024). Quelques séries télé et jeux interactifs étaient aussi au menu.

Je ne donnerais pas une note parfaite aux options de divertissements, simplement parce que Air Canada reste, selon moi, la référence en matière de variété et de qualité (du moins dans ses avions équipés d’écrans). Cela dit, French bee surpasse plusieurs concurrents, notamment Lufthansa, dont l’offre m’a déçue lors d'un vol avec eux le mois dernier.

Tu peux également acheter des données pour naviguer sur Internet, mais j'ai trouvé les prix peu intéressants pour ce qui est proposé.


Ma note globale et mon avis général : 4,1/5

En faisant la moyenne des notes ci-haut, on atteint le 4,1/5, donc 82 %. Personnellement, je trouve ça très représentatif de mon expérience.

Est-ce réaliste d’imaginer une note de 90 % ou plus pour une compagnie low-cost? Pas vraiment. Quand on paie moins cher, il faut s’attendre à des concessions sur certains aspects. C’est la nature même du modèle économique. Mais est-ce que French bee m’a fait vivre une meilleure expérience sur certains points que quelques compagnies dites legacy airlines? Absolument.

D’ailleurs, comme j’accorde de l’importance au confort, qui est souvent le point faible des compagnies low-cost, j’ai porté une attention particulière au système de surclassement. C’est quand même intéressant de constater que le prix de la classe Premium chez French bee équivaut parfois à celui d’un billet « économique plus » chez la concurrence. Tu pourrais donc choisir de payer le même montant que tu aurais déboursé ailleurs, mais pour voyager de façon nettement plus confortable, un vers de champagne français à la main.

Autre astuce qui vaut la mention : la possibilité de miser sur un surclassement, ce qui s'avère également un bon hack pour avoir un traitement supérieur à moindre coût. À toi de décider ce que tu veux prioriser : confort, flexibilité, prix, extras... et de ne payer que pour ce qui t’importe vraiment.

French bee ne vise pas la perfection, mais elle livre une expérience honnête, personnalisable et étonnamment solide pour le prix, et personnellement, je retournerai à bord de ses vols Montréal-Paris.

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