Deux experts québécois expliquent ce que tu dois savoir sur tes impôts de 2020
Même si on croyait que l'année 2020 était bel et bien terminée, la période des impôts qui approche à grands pas nous force à la revisiter.
Le contexte pandémique et ses nombreuses conséquences sur le portefeuille des Québécois influenceront un bon nombre de déclarations fiscales. C'est pourquoi Narcity s'est entretenu avec deux experts en la matière pour démêler le tout.
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As-tu des impôts à payer?
Tout dépend des sommes qui ont été gagnées en 2020.
Angela Iermieri, planificatrice financière chez Desjardins, explique que le crédit personnel de base est de 13 229 $ au fédéral.
Ce qui veut dire que si quelqu'un gagne moins, ou exactement ce montant, aucun impôt n'est dû. Au provincial, ce seuil est de 15 532 $.
Tous les revenus gagnés qui dépassent ces sommes, qu'ils proviennent d'un salaire ou d'une prestation gouvernementale, détermineront les impôts à payer au Canada et au Québec.
Comment démêler les revenus des salaires et ceux des prestations de la COVID-19?
Selon Suzie St-Cerny, de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke, la différence entre un salaire et la Prestation canadienne d'urgence (PCU) est qu'habituellement, un montant est déduit de chaque paie pour les impôts par l'employeur, mais pas pour la PCU.
D'ailleurs, le scénario est le même pour la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants (PCUE) qui a été en vigueur jusqu'au 30 septembre 2020.
Par contre, pour les gens qui ont bénéficié de l'une des trois prestations canadiennes de relance économique (PCRE, PCREPA pour les proches aidants et la PCMRE pour la maladie), 10% du montant reçu a été prélevé des fins d'impôt.
Une personne salariée a déjà un certain montant mis de côté si elle a travaillé cette année. Mme St-Cerny conseille de regarder son dernier relevé de paie de 2020 pour savoir combien notre employeur a envoyé aux agences du revenu.
Même chose pour les prestataires de la PCRE, PCREPA et de la PCMRE : il suffit de calculer 10 % de la somme octroyée.
Suzie St-Cerny a aussi clarifié que la PCU est imposable, mais non remboursable. Son successeur, la PCRE, est quant à elle imposable et remboursable, si on a gagné plus de 38 000 $ net (excluant la PCRE) cette année.
Sur chaque dollar gagné en plus du 38 000 $, 50 sous devront être redonnés jusqu'à concurrence de toute la somme reçue.
Ce n'est toutefois pas le cas pour la PCMRE et la PCREPA.
De son côté, Mme Iermieri ajoute que durant la première partie de l'année, « ceux qui se sont prévalus du montant maximal de 14 000 $ de PCU, déjà là, ils ont atteint le seuil. C’est sûr qu’il va y avoir de l’impôt à payer ».
Comment les réduire?
Plusieurs crédits, déductions et véhicules financiers existent cependant pour réduire au maximum le salaire imposable, que ce soit au provincial ou au fédéral.
Bien entendu, des critères entrent en ligne de compte pour les appliquer, selon la situation de chacun.
Angela Iermieri mentionne les frais médicaux, les frais de scolarité, le crédit pour personnes vivant seules, celui pour parent monoparental et le crédit pour la première habitation comme exemples.
Au Canada et au Québec, les règles concernant les frais engendrés par le travail à la maison ont été simplifiées en 2020 avec la méthode à taux fixe, qu'on soit propriétaire ou locataire.
Pour chaque jour de télétravail, 2 $ peuvent être réclamés jusqu'à concurrence de 400 $, et ce, sans fournir de formulaire signé par l'employeur.
L'ancienne méthode détaillée s'applique toujours, mais cela nécessite de calculer de façon exacte ses dépenses, d'en fournir les preuves, et d'avoir la signature de son patron.
Jusqu'en mars, on peut également contribuer à un Régime enregistré d'épargne-retraite (REER).
« Toute cotisation REER vient réduire le revenu. Par exemple si on a trois mille dollars [en liquidités], qu’on le met dans un REER, et que notre salaire était de 16 000 $, alors on tombe à 13 000 $, sous le seuil d’impôt ».
Suzie St-Cerny est d'avis que le REER est une bonne idée, mais « il faut avoir les liquidités pour le faire, ce qui n'est pas le cas de tout le monde ».
Conseils pour 2021
Les deux personnes consultées par Narcity ont suggéré aux gens qui ne sont pas à l'aise avec leurs revenus de cette année de confier leurs déclarations à un spécialiste.
« Ces experts vont prévoir tous les crédits d'impôt auxquels on ne pense pas », explique Mme Iermieri.
Elle poursuit en disant que ça peut aussi être utile si on a alterné des périodes de confinement et de retour au travail.
Mme St-Cerny assure cependant que ceux qui sont habitués devraient s'en sortir, puisque tout se retrouve dans les formulaires qui seront envoyés par la poste d'ici la fin février.
Le conseil numéro un d'Angela Iermieri demeure l'épargne.
« L’année 2020 nous a démontré l’importance d’avoir un fonds d’urgence. Souvent on suggère de mettre de côté de trois à six mois de dépenses, qui pourraient nous aider à survivre s’il y arrive des imprévus comme c’est arrivé cette année. »
Le fait d'accumuler les sous qui auraient autrement été consacrés aux voyages, déplacements ou sorties pourrait aider à réduire le stress financier que vivent les Canadiens en ce moment, conclut-elle.