Julien Lacroix s’ouvre pour la 1re fois depuis les nombreuses allégations à son égard

Durant la vague de dénonciation qui a eu lieu à l'été 2020, neuf femmes ont publiquement dénoncé des comportements sexuels inappropriés, voire même violents, qu'aurait eus Julien Lacroix envers elles. Après une absence de l'oeil public entrecoupé d'un message partagé en janvier 2021, l'humoriste fait une seconde intervention notoire en accordant une entrevue filmée au journal Le Devoir.

Dans cette entrevue faite avec Améli Pineda, la même journaliste qui avait dévoilé les allégations desdites femmes, l'homme aborde le cheminement qu'il a fait depuis 2020, s'exprime sur ses comportements et parle de sa réhabilitation alors qu'il avait avoué avoir des problèmes d'alcool et de drogue.

Quelles étaient les allégations contre lui?

Le 27 juillet 2020, Le Devoir a publié un article dans lequel neuf femmes, dont son ex-conjointe Geneviève Morin, ont fait part d'allégations au sujet de Julien Lacroix.

Les neuf allégations regroupent des actes tels que des baisers non consentants, des attouchements ainsi que fellations forcées et des relations sexuelles non consentantes, donc des viols.

Suite à ces témoignages, l'humoriste avait répondu publiquement en soulignant qu'il n'était « pas un ange, mais pas un démon non plus, et certainement pas le prédateur sexuel qui sévit depuis une décennie comme Le Devoir [l'a] décrit ».

Le lendemain, Lacroix est revenu sur la situation en affirmant qu'il ne souhaitait pas banaliser la situation et qu'il « [s'excusait] sincèrement auprès des personnes qui ont été blessées ou déçues par [sa] publication ».

Il a également annoncé qu'il prendrait une pause professionnelle afin de « faire un travail d’introspection en compagnie de spécialistes », alors que son agence de l'époque avait déjà confirmé ne plus le représenter.

Qu'a-t-il dit lors de sont intervention en janvier 2021?

Dans une publication partagée sur ses réseaux sociaux le 12 janvier, l'homme visé par les allégations avait présenté une lettre d'excuses :

« Cette prise de parole, je ne la fais pas dans le but d’annoncer un retour. Je la fais pour présenter mes excuses aux personnes que j’ai profondément blessées. »

Il avait également mentionné son appui envers le mouvement de dénonciation, avant de s'ouvrir sur ses problèmes de dépendance afin de montrer une partie de son cheminement :

« Depuis très jeune, j’ai ignoré les problèmes que j’avais, j’ai étourdi mon mal-être avec l’alcool, la drogue et plus tard le travail. J’ai oublié de faire attention à l’humain et aux gens autour de moi. »

Ce retour avait engendré beaucoup de réactions mitigées, alors que certains l'encourageaient pour son parcours et que d'autre trouvaient cette apparition précipitée.

L'entrevue, les réactions des présumées victimes et l'opinion des experts

Le 16 décembre 2021, Le Devoir a publié une entrevue vidéo d'une durée de 45 minutes avec Julien Lacroix, mais aussi un article avec plusieurs points de vue professionnels sur le cheminement que le principal intéressé a partagé durant l'entretien, ainsi que les réactions de sept des femmes ayant porté les allégations à son égard.

Durant l'entrevue, Lacroix parle notamment du suivi qu'il fait avec des professionnels concernant ses dépendances, de comment il a vécu les événements des dernières années et d'un potentiel retour sur scène. Cependant, il ne souhaitait pas aborder directement les gestes qui lui sont reprochés, car il affirme que c'est quelque chose qu'il veut faire de manière privée.

Il parle d'ailleurs du premier message qu'il avait partagé et qui mentionnait que les choses allaient trop loin, en disant qu'il n'était pas l'auteur de ce discours, alors que ce serait l'oeuvre d'une équipe de relations publiques. Il a également partagé une réflexion qu'il se fait depuis la publication de la lettre d'excuse en janvier :

« C'est peut-être pas pour rien que les agences de PR agissent comme ça, on le voit avec toutes les autres dénonciations, à la minute que quelqu'un s'excuse, il devient non seulement coupable de tout, mais encore plus puis ça laisse place à des débordements. Je trouve ça quand même intéressant de voir que quand on nie tout tu reçois moins de haine, mais en même temps, j'aimerais bien ça voir qui est vraiment tout blanc dans la vie. »

En réponse à son discours, Olivier Turbide, spécialiste de la communication publique et de l’image, mentionne un manque d'empathie envers ses présumées victimes : « La seule fois où il s’ouvre sur les gestes qui lui ont été reprochés, il minimise leur gravité. »

Chose qui est appuyée par la psychologue Line Bernier, qui précise que ce que les victimes veulent en général, c'est d’entendre des excuses avec des termes explicites :

« Ce que je sens chez lui, c’est le désir de ne plus être obligé de se cacher, d’être le paria. Maintenant, comment on sort de là? En réparant, et pour réparer, il faut être conscient des conséquences des gestes qu’on pose et les nommer. »

Line Bernier a aussi souligné le fait qu'il « semble avoir fait une bonne démarche par rapport à sa toxicomanie, mais il manque un bout qu’il n’aborde pas, et c’est celui de sa démarche par rapport à ses comportements sexuels ».

Un de ses thérapeutes a d'ailleurs précisé que Lacroix était suivi pour sa consommation et non pour prendre conscience des actes qu'il aurait commis, chose que la personnalité publique a confirmée alors qu'il n'avait pas de suivi de thérapie spécifique au sujet de ses comportements sexuels au moment de l'entretien.

Pour ce qui est des réactions des femmes qui ont témoigné, alors que leurs points de vue diffèrent, la plupart se rejoignent sur le fait que ses propos manquaient d'empathie envers elles et que son retour sur la scène publique pourrait, d'une manière, minimiser les traumas qu'elles disent avoir vécu

Julien Lacroix a d'ailleurs parlé d'un retour éventuel sur scène, en étant prêt à le faire sans publicité et dans le plus de respect possible.