Laurent des Twins s’ouvre sur leurs projets et leur départ crève-cœur de Révolution
« Si je peux partager quelque chose de très confidentiel… »
Le mois de février a débuté avec une nouvelle qui en a surpris plus d'un.e : le duo de danseurs et chorégraphes Les Twins ne sera pas de retour comme maîtres pour la cinquième saison de Révolution. Narcity s'est donc entretenu avec Laurent Bourgeois afin de non seulement parler de l'impact de la compétition télévisuelle de danse sur leur vie, mais aussi des nombreux projets des jumeaux, autant au Québec qu'à l'étranger.
En ce qui concerne Révolution, c'est en essayant de faire fonctionner leur horaire avec celui des tournages que la production et Les Twins ont dû mettre fin à leur collaboration dans le cadre de l'émission.
Quel a été l'impact de votre participation comme maîtres à Révolution au cours des dernières années?
« Il faut savoir que le Québec [connaissait] une chute incroyable et Révolution était une raison pour nous de pouvoir relever les artistes québécois. Québec était une [province] morte alors que c'était la [province] la plus festive, la plus marrante. [...] La plupart des gens ici avaient une motivation de continuer avec leur art.
« Quand je suis revenu pour une journée, j'avais un workshop ici, j'ai vu moi huit ans plus tard ce que ça a donné et j'ai dit " Wow, mais qu'est-ce qu'il est arrivé à cette ville? " et tout. Même les DJs, les danseurs, les chanteurs, tout ce que je connaissais, ils ont pris un boulot normal, un boulot de quelqu'un qui ne travaille plus dans l'art, [...] donc des rêves perdus.
« Avec Révolution, c'était un peu pour moi du mental health pour aider tout simplement et faire croire aux gens, pour ramener cette croyance qu'ils avaient en eux avant [...] pour pouvoir réussir à les relever. Et j'ai réussi à les relever, mais plus de la moitié du Québec [aussi].
« Je suis désolé, mais ce n'est pas Révolution, c'est nous. Il fallait nous mettre sur une plateforme pour pouvoir relever les gens et là, en fait, Révolution si tu veux, ils ont eu ce qu'ils voulaient et ça m'a fait plaisir de le faire avec un grand sourire. J'ai fait quatre années magnifiques, mais malheureusement ce ne sera plus Les Twins quoi. »
Est-ce qu'il y a une raison derrière votre départ de l'émission?
« Personnellement, je ne suis pas là à essayer de trouver des raisons du pourquoi et du comment. J'avais en tête, et je ne sais pas quelle année, finalement partir de Révolution parce que ça me prend énormément de temps, je ne suis pas en fin de vie, j'ai une grande carrière qui m'attend. Ça me prenait cinq mois dans l'année et ça a tué tous les étés, là où il y a avait vraiment tous les festivals, tous les trucs qui se passent où je ne pouvais jamais assister parce que je suis très loyal à Révolution.
« Si je peux partager quelque chose de très confidentiel, je dirais que je suis triste [du] fait que j'ai été aussi loyal [envers] les Québécois. Très fier d'avoir été très loyal, mais en même temps très triste de savoir que c'est si facile pour la plupart des gens avec qui je pensais avoir créé un côté assez proche et familial de l'apprendre par e-mail.
« Ça touche, j'ai été loyal quand même. So You Think You Can Dance, World of Dance, Danser avec les stars, tout, Star Académie m'ont appelé pour être juge à plein temps et abandonner Révolution. Ce n'est pas par rapport à l'argent, ils m'ont proposé le quadruple de l'argent que je suis payé ici au Québec, mais ce n'est pas l'argent. Je suis quelqu'un de loyal et j'ai dit que je ne partirais pas. Si vous me voulez, bien il faudra prendre Révolution dans votre pays.
« Je me retrouve là avec une décision qui n'a pas été prise par moi, même si je ne me voyais pas toute ma vie faire juste Révolution, partir de ce show n'était pas mon truc quoi. Ce n'est pas grave. [...] Là, t'as Rise for Mental Health Tour qui va prendre un bon bout de ma vie, t'as la tournée de Beyoncé, j'ai plein de choses qui arrivent en fait. Même mon film et tout le reste, [...] je me dis qu'avec Révolution ça aurait été impossible de le faire, donc comme je dis, tout est bien qui finit bien. »
Vous êtes beaucoup investis au niveau de la santé mentale. Pourquoi cette cause vous tient-elle particulièrement à cœur?
« En fait, c'est un travail qu'on a toujours fait. On le fait depuis des années, on a une facilité à vouloir partager et aider les autres. [...] On a décidé d'arrêter d'être trop proche parce que mon frère et moi on a le cœur très sensible, donc on a décidé de le faire à plus grande force, c'est-à-dire d'atteindre des plus grands stages, on peut atteindre des personnes qui peuvent nous voir et puis donner un message plus corporel que physique. C'est nouveau pour nous de mettre un nom dessus, mental health, mais nous on ne s'est jamais dit qu'il y avait un nom pour pouvoir aider les autres. [...] Je vois la différence quand je travaille avec des personnes qui ont la même mission que moi. »
Qu'est-ce que tu trouves différent dans tout ça?
« Déjà, les enfants qui viennent de leur plein gré. [...] C'est de voir les parents, les professeurs, les surveillants, les directeurs d'école et les élèves ensemble dans la même salle comprendre et écouter le même message corporel et verbal qu'on leur donne. Les laisser interagir avec moi par rapport aux questions posées et voir qu'en fait, la personne qui est la plus proche de toi que tu pensais connaître par cœur, [...] qu'elle a des problèmes qu'elle ne t'a jamais partagés.
« Ils ne sont pas des danseurs, mais moi j'utilise le corps pour les faire parler, petit à petit. Finalement, les laisser exprimer verbalement après parce qu'ils se sentent moins ridicules de ce qu'il se passe parce que leur corps a déjà trop dit. Ça fait pleurer du monde. »
Vous entamez une tournée à travers les écoles au Québec, en quoi ça consiste?
« Déjà, la plupart des écoles qui nous ont demandé sont dans un processus de mental health. [...] L'expérience se passe d'une manière vraiment très organique et toute naturelle, naturelle qui veut dire improvisation. C'est-à-dire que je ne vais pas m'avancer à programmer quelque chose avec eux, j'ai une destination et il y a plusieurs chemins.
« C'est d'après les réactions dans la salle, la plupart où je vois qui me regarde d'une manière, [...] c'est eux qui font mon show, ce n'est pas moi. Des fois, on arrive dans une salle, on a l'impression qu'on a rien à apprendre tellement que la salle est déjà presque soignée par juste le fait qu'on soit là [...]. Des fois, il y a beaucoup d'ateliers comme des fois il n'y en a pas du tout, ça dépend de qui est en face de nous et [de] comment ils interagissent.
« Je n'ai qu'une heure et demie avec eux et je leur apprends plus sur eux-mêmes qu'ils ne l'ont jamais appris. [...] N'importe quel âge, un enfant comme un adulte, il suffit juste que tu te voies à la troisième personne et t'as les meilleurs conseils du monde. J'ai la bénédiction d'avoir un frère jumeau et je peux voir ma personne à la troisième personne. »
Parmi les projets sur lesquels ils travaillent en ce début de 2023, c'est en collaboration avec The Kids Write Network que Les Twins font ces ateliers dans plusieurs écoles. Il est même encore possible de contacter leur équipe en envoyant un courriel au info@kidswritenetwork.com pour les rencontrer.