La diversité corporelle à Occupation Double décortiquée par une experte

Julie a-t-elle été intégrée de la bonne manière dans l'émission?
La diversité corporelle à Occupation Double décortiquée par une experte

Cette année, la production de l’émission de téléréalité aux twists infinies a tenté d’être plus inclusive que jamais. Marie-France Goyer, candidate au doctorat en sexologie (UQAM) se spécialisant sur la grossophobie, et fan d’OD à temps partiel, discute avec nous de diversité corporelle à Occupation Double. 

Selon elle, la grossophobie, qui repose sur les préjugés que l’on a souvent inconsciemment vis-à-vis les personnes grosses, joue un grand rôle dans les enjeux empêchant Julie d’être incluse adéquatement dans l’aventure.   

Elle explique donc l’importance de la représentation, mais aussi de l’intégration des personnes jugées « hors normes » par la société.

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Pourquoi la diversité est-elle importante, même dans les émissions de téléréalité?

« Bien, les personnes ont besoin de se sentir représentées, de se voir à la télévision, d’avoir accès à des modèles qui sont épanouis puis qui leur ressemblent » explique la chargée de cours et doctorante en sexologie à l’UQAM. 

Les personnes grosses, surtout les femmes grosses en fait, sont vraiment sous-représentées à la télévision et lorsqu’elles sont représentées (…) c’est souvent dans des rôles plus secondaires. »

Elle est d’avis que les émissions comme Occupation Double ont la responsabilité d’utiliser ce « pouvoir » de représentation pour briser les normes et être plus inclusives.

Qu’est-ce qui fait que les candidats de la diversité ne restent pas dans l’aventure?

Malheureusement leur présence n’est pas suffisante. Marie-France Goyer, explique :

« Dans l’histoire d’OD, les femmes trans ou les femmes noires, par exemple, ne se rendent pas très loin dans l’aventure, puis s’il n’y a pas de changement, ça s’enligne pour être la même chose avec Julie cette année.

Donc si on ne fait aucun effort pour offrir plus qu’une inclusivité de façade, bien c’est plus de l’instrumentalisation à ce moment-là ».

L’instrumentalisation (ou tokenisme), c’est de faire un geste inclusif pour la forme, en incluant une personne issue des groupes minoritaires afin de faire taire les accusations de discriminations et cacher l’enjeu derrière ce manque. 

Dans le cas de Julie, l’enjeu serait la grossophobie et la manière dont elle perpétue, à cause du manque d’inclusion, « l’idée que les femmes grosses sont juste ben fine, bensmatt, mais qu’elles ne peuvent pas susciter l’intérêt amoureux ou sexuel. »

Elle ajoute que « ça ne suffit pas en fait d’ajouter une femme trans, ou une femme grosse ou une femme de couleur dans le show… Par exemple il faudrait qu’il y ait plus qu’un ou une candidate par saison qui porte sur son dos tout le poids de la diversité. »

Comment Julie aurait-elle pu être mieux incluse dans l’émission? 

La doctorante salue l’effort d’Occupation Double de vouloir offrir des modèles plus diversifiés et inspirants, elle croit par contre que cette inclusion aurait pu être mieux faite. 

« Il faut s’assurer que certains candidats soient intéressés par autre chose que le modèle unique, par exemple, de la mannequin cisgenre, mince, blanche. Parce que là c’est bien beau d’insérer des gens diversifiés, mais ils n’ont pas vraiment la chance de gagner ».

Marie-France Goyer ajoute que la production devrait éduquer les participants, ainsi que les animateurs au sujet de la grossophobie. 

Elle donne comme exemple un extrait dans lequel Naadei reproche à Julie de se plaindre de ses insécurités. 

« Contrairement aux autres candidates, Julie a probablement été rejetée plus souvent en raison de sa corpulence ou a probablement reçu le message, très souvent, qu’elle n’a pas le potentiel d’être la femme qu’on choisit et avec qui on s’affiche fièrement ». 

Il faut faire une différence entre le ressenti et l’expérience, selon la chargée de cours en sexologie. 

Elle aborde ensuite l’atelier d’estime de soi qu’à donner Marie-Lyne Joncas aux candidates. Dans celui-ci, l’humoriste compare le fait de se sentir laide à se sentir grosse.

Marie-France Goyer rappelle : « être grosse, ce n’est pas un sentiment, c’est un état de fait, et qui ne doit pas négativement être connoté ».

La doctorante ajoute que la production a aussi un gros travail de modération à faire sur les réseaux sociaux pour filtrer les commentaires grossophobes.  

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